7 milliards de gens... et moi et moi et moi...
Depuis quelques jours, nous sommes 7 milliards sur terre.
7 milliards à être témoins de notre histoire contemporaine, dans tout ce qu'elle contient de bonnes et de mauvaises nouvelles, de naissances, de décès, de guerres et de paix.
7 milliards, mais pour quel futur, c'est ce qu'il faudrait se demander.
Il faudrait leur poser la question à ces nouveaux venus. Qu'attendez-vous de votre vie?
Peut-être n'en savent-ils rien. Peut-être ont-ils une idée précise de ce qu'ils veulent vivre.
Je me souviens d'un peuple, d'un pays, qui, il y a à peine quelques mois, défilait dans les rues pour détrôner à jamais la tyrannie, pour mettre à bas un régime totalitaire, privatif de liberté, et dictatorial.
Ce peuple s'est battu et s'est fait entendre pour faire flotter sur le monde le drapeau de la délivrance, et de la liberté.
A ce peuple, quelques jours plus tard, une question essentielle, primordiale leur a été posé. Qui mérite de reprendre le flambeau, et de symboliser ce renouveau, qui mérite de diriger ce mouvement libertaire de la Révolution arabe.
Et bien à la surprise générale, le parti politique vainqueur, désigné par tout un peuple, est un des partis les plus conservateurs qui soient, puisqu'il s'agit d'un parti politique et religieux, prônant le retour des valeurs traditionnelles, très souvent emplies d'astreintes, d'avilissements, de carcans et autres servilités.
Je me souviens aussi d'un peuple saluant la mort de leur dictateur, brandissant le drapeau de la démocratie, saluant le retour de la vraie vie, la fin de l'acharnement et de l'oppression des peuples. Mais quelques minutes plus tard, ce même peuple revendiquait le retour de la charia.
Peut-être que la liberté fait peur.
Peut-être que l'homme a besoin d'être emprisonné pour se sentir libre.
Ou peut-être que justement, c'est ça, la liberté, être libre de décider de ne pas être libre.
La liberté c'est aussi pouvoir écrire dans un journal satirique, toute sorte de chose sans en être inquiété outre mesure (et le cas échéant, la justice est là pour faire respecter le droit et le respect de tout un chacun).
Depuis quelques jours que la une de Charlie Hebdo est présentée dans les journaux, à la télé, à la radio, je me doutais bien qu'il allait se passer quelque chose. Ce n'est pas une surprise, ce n'est pas hallucinant, même si ce n'est pas normal.
Je me surprends de lire, ça et là, l'émoi et la stupeur des gens, qu'ils soient politiques, intellectuels ou sportifs (oui David Douillet est bien plus sportif que politique), alors que c'était couru d'avance. Cette provocation ne pouvait pas rester lettre morte, et c'est même étonnant que personne n'ait été là pour surveiller le siège du journal, rappelons nous de l'histoire des caricatures de Mahomet au Danemark.
Oui c'est grave, c'est incompréhensible et intolérable que l'on brûle le siège et la rédaction d'un journal satirique dont le but, le talent, et la finalité est justement la satire. Mais je trouve qu'il fallait un peu s'y attendre.
Voilà le monde dans lequel les prochains 7 milliards d'humains vont naître.
Voilà les questions auxquelles ils devront répondre.
Quelle liberté voulez-vous, et serez-vous prêt à la protéger coûte que coûte.
C'est pas gagné moi je dis...