Schizophrénie maladive...
Il y a quelques mois de celà, à peine, le colonel Khadafi était reçu en France avec faste, ayant même le grand privilège de monter sa tente dans les jardins de l'Elysée, et assoir ainsi son amitié fidèle avec Nicolas Sarkozy. Le fait, à l'époque, avait beaucoup fait parler, notamment Rama Yade, qui, bien que membre du gouvernement, avait crié au crime de lèse-majesté, et avait comparé la France à un paillasson sur lesquels les dictateurs venaient s'essuyer les pieds.
L'histoire avait fait grand bruit, mais Khadafi avait dormi sur ses deux oreilles, en plein coeur de la capitale, au milieu de ses gens, et sur la pelouse présidentielle.
Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy a décidé d'attaquer la Lybie, gouvernée, gérée, présidée, menée, emprisonnée je ne sais pas trop, par le colonel Khadafi, et son éternel costume vert.
Le vert au théâtre, ça porte malheur, à la guerre je sais pas trop.
Ce qui me gêne dans cette histoire, c'est la situation de la France. Déjà recevoir Khadafi, c'était limite (au même titre que de recevoir le président chinois, en lui disant que son pays est le plus fantastique du monde, et que son peuple est un des plus heureux sur la planète). Serrer la main à Khadafi, c'était, à l'époque, accepter son mode de gouvernance, sa façon de faire avec ses civils, justifier ses lois, ses oppressions, ses attaques violentes, son irrespect, son arrogance, bref tout ce qui se rapporte au colonel.
Aujourd'hui, parce que le vent tourne, parce que Sarkozy a besoin de soutiens multiples, de se montrer aussi, de monter dans les sondages, il décide d'attaquer la Lybie et de renverser le régime de Khadafi.
Moi je me demande un peu de quoi on se mèle. Alors oui, c'est un des rôles du Président français que de dire qu'il y a danger à laisser au pouvoir un homme comme Khadafi, oui, c'est même un devoir que de dénoncer des politiques dictatoriales. C'est aussi le rôle de l'ONU d'intervenir en cas de danger pour les civils. Mais, si je me veux avocat du diable, je dirai que ce sont les civils eux-mêmes, qui les premiers sont descendus dans la rue pour manifester leur colère, parfois violemment et pour essayer de se libérer de la répression. Ce sont les civils eux-mêmes qui ont désiré au plus profonds de leur âme cette guerre civile qui, ils le savaient, entrainerait des pertes considérables, mais se justifiait à mille pour cents par une soif de liberté.
Je ne suis pas certain que si on leur demande leur avis, ces gens là implorent la France de venir les aider, s'occuper de leur linge sale, les aider à déchoir Khadafi pour mieux s'installer dans ce pays riche en pétrole et autres mets tant adulés par les occidentaux.
C'est une chose que de dire, de condamner, de soutenir, d'encourager. C'en est une autre que d'envoyer des avions pour bombarder avec une précision limitée un pays déjà en proie à bien des problèmes.
Pendant ce temps là, en Côte d'Ivoire, ils ont le droit de se taper dessus, et de continuer à partager un fauteuil présidentiel en deux, chaque parti ayant son armée, chargée de combattre l'armée ennemie. On s'en est occupé un peu, mais comme ça n'intéressait pas tellement les gens et qu'on avait une image à redorer, on est allé voir ailleurs, où le monde pourrait nous observer plus grandement.
Pendant ce temps là, au Japon, les gens attendent de l'aide.
Qu'est ce qu'il s'est passé? Rien de grave, un séisme de 8,9 sur l'échelle de Richter.
Oui je sais, ils ont l'habitude là-bas des séismes, c'est pas comme chez nous.
Ah oui, et puis aprés il y a eu un tsunami. Oui oui, je sais, c'est presque une coutume là-bas, pas besoin de s'en émouvoir.
Quelques villages ont été détruit aussi... Mais bon, vous me direz, un pays qui est en croissance démographique constamment, et qui entasse ses habitants dans des immeubles surbondés...
Et puis y a des usines nucléaires en feu aussi.
Oui oui, c'est loin, il suffit de rapatrier les français vivant là-bas et le tour est joué, quand le nuage sera sur la France, ce sera pas plus grave qu'une radiologie des poumons.
Bon donc au final on fait bien de s'occuper de la Lybie, c'est presque le plus urgent d'aller mitrailler ce pays.
Et sinon on mange quoi ce soir?