J'ai perdu ma religion...

Publié le par Guillermo G

Je me souviens d'une époque lointaine, quasi fantasmagorique, où je croyais en Dieu.

Je ne sais pas en quel Dieu précisément, mais je croyais qu'un être supérieur nous surveillait, nous guidait, nous apprenait ce qui était bien et ce qui était mal.

Vous me direz, dans une famille issue du fin fond de l'Espagne, quoi de plus banal...

Je me souviens avoir suivi mes cours de catéchisme avec beaucoup d'attention, de foi, et de sincérité.

Je me souviens avoir fait mes deux communions avec beaucoup de fierté. Je me souviens qu'à une époque j'étais quelqu'un de bien, qui ne se serait jamais écarté du droit chemin.

Je me souviens n'avoir jamais pour autant espéré devenir prêtre ou évêque ni même Pape.

Pape... Je m'en souviens du mien. Celui qui pour moi restera le seul et l'unique. Je suis né avec, et j'ai toujours cru que le Pape était éternel, immortel. Il vieillissait, ne tenait plus debout, ne parlait presque plus d'une voix audible, et avait des positions parfois trop tranchées sur des sujets de société graves et importants. Mais qu'importait, c'était mon Pape et ça l'avait toujours été.

 

Et puis est arrivée l'heure de sa disparition. Il m'est apparu humain. J'avoue que ça m'a fait un choc. Mon Pape était un homme comme un autre, qui vivait, mourait, mangeait, buvait, et même allait aux toilettes. 

Je me souviens m'être demandé à quoi ressemblaient des toilettes Papales...

 

Et puis un autre homme est arrivé au gré d'une fumée de cheminée tantôt noire tantôt blanche.

Je me souviens de son sourire au balcon, un sourire effrayant, celui d'un homme qui venait de gagner une bataille, une lutte. J'ai lu de la fierté dans ses yeux, de l'ambition, de la vanité, et je ne l'ai pas aimé. Comment un Pape pouvait-il ne pas être humble? Comment pouvait-il ressentir une joie électorale quelconque ? Dieu serait-il fier d'être Dieu?

Et puis le temps est passé, ma foi avec. Jean Paul II dans sa mort, avait emporté ma foi et ma croyance.

Je me souviens aussi d'un homme qui au fil de ses discussions m'avait convaincu de la vanité de toutes les religions, de leur supercherie, de leur déshumanisation, de leurs mensonges.

Et puis il y a eu ces histoires de jeunesse hitlérienne, auxquelles je me disais, qu'après tout, quand on est enfant, on ne choisit pas sa paroisse ni son éducation.

Mais cet homme a grandi, mûri, gagné un libre arbitre, et avec celui a décidé de cacher, dissimuler, étouffer des affaires de pédophilies. J'avoue j'ai eu du mal à trouver une excuse quelconque à ce silence, confidentialité de la confession ou pas, secret professionnel ou pas.

Petite parenthèse, un scandale est en train de surgir en France, des journalistes qui enquêtaient sur la pédophilie ont apparemment eu la très mauvaise idée de briser le secret professionnel en allant dévoiler l'adresse de pédophiles à la police. Je suis outré par ce scandale. Je pense qu'à un certain niveau, il y a journalisme et citoyenneté. A ceux là, je leur donnerai la médaille de chevalier de la légion d'honneur (quand on voit que des gens comme Daniela Lumbroso, Michel Leeb, Arlette Chabot, Alain Chamfort, Dominique Farrugia ou autre Véronque Genest l'ont je pense qu'il faudrait repenser à la symbolique de ce bout de tissu... la liste est sur wikipédia, j'ai passé un moment douloureux à écarquiller mes yeux d'étonnement).

Et chaque jour, dans un coin plus ou moins reculé de nos vies, une nouvelle affaire apparait. 

Il y a très peu de choses dans la vie qui pourrait valoir ma colère, mon indignation, et requérir toute ma hargne pour lutter contre elles. La pédophilie en est une. C'est sans doute un lieu commun, un peu comme dire je n'aime pas la pluie, je préfère le soleil, je n'aime pas les guerres je préfère la paix, ou encore j'aimerai que les gens ne soient plus jamais malades.

Mais toucher un enfant, avoir ce manque de courage cruel de s'attaquer à plus petit que soi, et parfois même oser prétendre que ce petit bout de chou est coupable de tentation, de charme, d'envie inexplicable d'une pulsion qu'il ne connaissait même pas.

Et que ce manque de courage vienne de la part d'une personne qui a décidé de transmettre une soit-disant parole divine, censée symboliser le bien sur Terre, censée représenter ce qu'il convient de faire pour entrer dans un soit-disant paradis...

Prés de chez moi, un prêtre a été appréhendé pour pédophilie, et la façon dont il l'a été m'a laissé quelque peu perplexe. Une paroissienne avait déposé plainte contre lui pour harcellement (ils avaient vécu une certaine histoire d'amour, et aprés la rupture, le curé n'aurait pas supporté être ainsi abandonné). Les flics se sont donc rendus chez cet homme, et ont fouillé son ordinateur pour voir si oui ou non, les lettres de harcellements venaient de lui. Ils ont trouvé les lettres. Et des photos d'enfants à poil. Le curé, dans une sincérité inégalable leur a dit qu'aprés la rupture il avait perdu pied, et que ces photos étaient le résultat d'une perte de contrôle (et sans doute aussi la faute de la paroissienne). Sauf qu'après vérification, les photos étaient bien plus vieilles que l'histoire d'amour...

Chaque jour, depuis quelques temps, une nouvelle histoire ressurgit, homme de foi ou pas. 

J'ai perdu ma foi et ma religion, mais quand je vois dans quoi ça aurait pu me mener, je n'en suis pas si mécontent...

 

 

 

 

Publié dans Société

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