Quand le bleu du ciel me tombait sur la tête...
Vous pouvez bien crier, râler, montrer des dents, rugir de colère, brandir à travers les plus belles places de France et de Navarre des banderoles pour exprimer votre mécontentement de ne pas avoir de nouvel article depuis quelques semaines, je n'y suis pour rien.
Ni vous non plus d'ailleurs.
La seule responsable, du moins pour ce que j'en sais pour le moment, c'est ma ligne ADSL.
Et encore, le pourcentage de véracité et de compétence du technicien Bouygues Telecom est à prendre avec des pincettes.
Mon début d'été (ou d'automne selon qu'on se réfère à la date du calendrier ou à la météo extérieure) fait preuve d'une loi des séries des plus cruelles, me poussant à me méfier du moment où je dois sortir de mon lit et mettre mon nez dehors.
Tout a commencé avec cette coupe du monde. Je parle foot si j'ai envie!
J'avais pour objectif de devenir millionnaire, fin pronostiqueur que j'étais, en pariant sur l'issu finale de chaque match. Autant vous dire que pour le chèque on repassera...
Moi, le fervent supporter de l'Espagne, même si j'avais prédit qu'elle ne sortirait pas des poules et que ce serait une surprise de taille, je ne pouvais me résoudre à ne pas faire honneur à mon pays.
J'ai donc organisé une petite réception chez moi, au rythme des tapas et autres charcuteries ibériques, au son des castagnettes et des chanteurs flamencos. J'avais mis les petits plats dans les grands, lancé les invitations, bref, j'avais tout prévu. Tout ? Non...
Pas la panne de ma box à quelques minutes du coup d'envoi...
J'ai mis du temps à réagir, parce que parfois, ça arrive, que Bouygues nous fasse des petites surprises et nous suspende la télé pendant quelques minutes. Ou internet. Ou les deux. C'est quand j'ai vu l'heure sacrément avancée et mes invités débarquer que je me suis inquiété du problème.
Je vous passe sur la discussion incompréhensible avec un technicien du bout du monde, ayant séché ses cours de français, parce que, justement, il bosse pour Bouygues et qu'il a pas le temps d'y aller sinon il se fait virer. Ce qui donne un sentiment de solitude profonde, déjà que je n'avais plus de télé...
Je comprends malgré tout que pour ce soir c'est mort, l'Espagne dévoilera ses charmes ailleurs, et mon appartement restera silencieux et morne, un peu comme si Paco de Lucia venait de mourir une seconde fois.
J'ai fait comme j'ai pu pour sauver la soirée, on s'est contenté de boire, de manger et de danser... Et comme l'Espagne s'est faite écraser, je n'en ai pas voulu à Bouygues... A ce moment là...
Trois semaines ont passé depuis, et je n'ai toujours ni internet, ni télévision ni téléphone. Paraîtrait que le soucis soit dans ma ligne. France Telecom a nié, moi je trinque...
Mais comme l'on dit, un malheur n'arrive jamais seul (soyons honnête, le mot malheur est un peu fort).
Alors que j'arpentai les rues de ma belle ville sous le soleil estival... (oui mais alors, si c'est un soleil estival, pourquoi suis-je obligé de mettre un gilet...) La question reste entière, et bien parce qu'il fait froid pardi!
J'étais donc dans une rue très fréquentée, une artère principale, une avenue même, lorsque je me suis mis à longer un échafaudage.
Grossière erreur...
Un échaffaudage ne se longe pas. Il s'évite dans un périmètre de 150 m². J'ai reçu sur mes cheveux, sur le front, sur mes lunettes de soleil, sur mon gilet, sur mon pantalon, une sorte de mixture bleue gluante et pas très bonne niveau odeur, suivi quelques secondes plus tard d'un cri "Attention en bas!".
Il était temps de réagir...
Moi j'étais couvert de bleu. Une dame, non loin de moi, venait de subir le même sort que moi. J'ai hélé l'homme du haut qui m'a regardé, mesquin en vociférant "ben alors, faut regarder". Je lui ai fait remarquer que normalement, les abords d'un échafaudage ne sont pas des zones à risque étant donné que c'est justement la raison pour laquelle son échafaudage est recouvert de plastique, à moins qu'on m'est caché le fait que Dexter s'apprêtait à sévir une nouvelle fois.
Il m'a balancé des mots incompréhensibles à cause du vent mais qui n'étaient pas très gentils.
Une autre tête est apparue quelques étages plus bas en disant "vous vous essuyez et ça part".
J'ai quand même exigé un numéro de réclamation ou quelque chose, on m'a dirigé vers le camion garé dans la rue voisine (que j'ai pris en photo au cas où une allergie subite surgisse sur ma peau devenue bleue), puis j'ai fait ce qu'on m'avait dit, je me suis essuyé.
J'ai bien du me rendre à l'évidence, il fallait que je me calme et que j'apaise ma colère, le mec avait raison, on s'essuie et ça part. Ma compagne de mésaventure a fait la même chose, c'est parti, elle n'étais plus bleue, mais noire, mais ça c'était juste sa couleur de peau initiale, c'est dire si quand même on en avait sur la gueule du bleu!
Je suis parti en maugréant et en imaginant toute sorte de vengeance que je ne mettrai jamais au point.
Je suis rentré chez moi, me suis promis d'écrire un mot sur mon blog, me suis souvenu que je n'avais plus internet, ni télé, ai rappelé Bouygues pour la énième fois (j'en peux plus d'entendre "nous faisons des investigations sur votre ligne"), j'ai tenté une approche tout en douceur (une fois un commercial en ligne j'ai dit "bonjour, je voulais savoir si vous vous foutiez de ma gueule"), ça n'a que très peu fonctionné, j'ai toujours ni télé ni internet. Ah si, ils ont eu la délicatesse après 3 semaines de panne de me fournir un petit boitier qui me permet aujourd'hui de vous dire à quel point je suis en colère.
Mais comme j'ai reçu une mixture bleue sur la gueule en marchant dans la rue, j'ai autre chose à penser...