Lettre ouverte à... Georges Frêche...

Publié le par Guillermo G

Cher Georges...

C'est toujours quand il trop tard qu'on se décide à faire les choses. Aujourd'hui, je me décide à vous écrire cette lettre.

Souvent, sur ce blog, j'ai pris votre défense. Vous n'en aviez pas besoin, jamais, sachant bien vous défendre vous même de ceux que vous appeliez vos adversaires, vos détracteurs, l'élite parisienne dans tout ce qu'elle a de moins beau, j'en passe et des moins bonnes.

Je suis né en 1983 à Montpellier, et votre patronyme a toujours été au coeur de discussions en tout genre lors des repas familiaux, des soirées entre amis, des débats régionaux, et, depuis peu, nationaux. On vous aimait, on vous détestait, on vous adorait, on vous haïssait. Mais vous ne laissiez jamais indifférent.

Votre verve, je l'appréciais, je l'attendais, je la jalousais. Vos sorties publiques étaient guettées par tous, vos disciples pour votre génie oratoire, vos opposants pour vos dérapages verbaux inévitables. Étaient-ce d'ailleurs réellement des dérapages, ou n'était-ce pas plutôt une provocation volontaire. L'envie de faire parler de soi. L'envie de choquer et de troubler l'onde trop calme du politiquement correct. Des vagues, vous en avez faites, pour mon plus grand bonheur, toujours.

Des mots lancés en l'air, lâchés par hasard (ou pas), mais toujours calculés, toujours mesurés. Beaucoup d'accusations, aucune condamnation.

On vous a dit raciste, fasciste, antisémite. Des mots forts, loin de toute forme de réalité pour ceux qui vous connaissent.

Famille, amis, électeurs. Ceux là qui pendant tant d'années vous ont fait confiance. Ceux là qui, toujours, ont renouvelé leur confiance et exprimé leur remerciement pour la vie que vous leur offriez en Languedoc-Roussillon.

J'en parle tout aussi librement que je n'ai jamais été de ceux qui profitaient des vagues pour vous plonger la tête sous l'eau.

On vous a senti affaibli, une fois. Certains se sont frottés les mains tellement forts que vous les avez entendu et avez décidé de combattre un adversaire d'une tout autre taille, la mort. Vous l'avez vaincu, une fois.

Et malgré tout, un nouveau mandat vous a été confié il y a quelques mois. La dernière victoire, et peut-être la plus belle. Celle qui vous a permis de vaincre vos ennemis, vos adversaires, mais aussi tout ceux qui souhaitaient déjà vous laisser sur le bord de la route. Ceux là, aujourd'hui, se confondent en compliments et en hommage dignes des plus grands faux-cul de l'histoire.

Vous devez en rire, si vous les voyez de l'endroit où vous êtes.

Il y a toutefois quelque chose que je souhaiterai vous reprocher. A cause de vous, je ne peux me décider depuis des années à quitter cette ville où je suis né, et que j'aime plus que tout. Cette ville où j'ai passé ma vie, où j'ai grandi, où j'ai fait mes études, où j'ai connu mon premier job, ma première copine, ma première passion. Vous en avez fait une capitale. Celle de mon coeur. 

Mégalo, vous l'étiez sans doute, mais il le fallait pour imaginer et tenter de construire et de bâtir tout ce qui l'a été durant ce qui sera à jamais "les années Frêche".

Une place aux statues a vu le jour récemment, la votre y siègerait dignement. 

Et puis, il y a eu les scandales. Ceux qui n'en étaient pas vraiment,mais qui le sont devenus à coup de pression médiatique et d'internetisation excessive.

Votre faute, avoir été contemporain d'un mal qui frappe toute personne publique qui parle aux gens d'égal à égal, sans se former une langue de bois qui certes, adoucit les rapports, mais qui les truque par ailleurs. Ce mal c'est la mondialisation de l'information. Une parole sortie de son contexte, postée sur le net, vue en quelques clics par des millions de français qui se forgeront une très mauvaise image de quelqu'un qui n'est même pas le quart de ce qu'ils s'imagineront.

Pour finir, je parlerai du professeur de droit que j'ai eu la chance d'écouter pendant une année. On ne parlait peut-être pas toujours de droit, mais c'était sans doute le seul cours auquel je me rendais sans traîner les pieds.

Pendant trois heures, vous parliez, sans aucune note, de tout et de rien. On parlait d'histoire de droit, c'est vrai, mais aussi de politique, de culture, de voyage, d'actualités. Vous saviez oser les paroles qui faisaient rire les étudiants, choquer les trop prudes et qui parfois dépassaient les murs de la fac.

Aujourd'hui, je suis ému. Je n'étais pas un proche, un ami, un collègue. Pas même un voisin. Juste un contemporain, et pourtant je ressens un vide. Votre voix, votre vision, votre opinion vont manquer. Certains n'ont pas hésité à décrier votre personnalité en se basant seulement sur des appréciations personnelles et des interprétations malhabiles des procès qui vous étaient fait ces derniers mois.  Tant pis pour eux, l'histoire les oubliera quand elle vous encensera.

Je finirai par vous remercier pour l'action entreprise dans la ville de Montpellier, ses améliorations, son jaillissement dans le pays et dans le monde.

J'espère que vous aurez l'occasion de vous entretenir avec vos modèles, vos idoles, ceux qui vous ont tant passionné.

Monsieur Georges, je vous dis merci, et bon vent...



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