Flashback...

Publié le par Guillermo G

Il y a de cela quelque temps, j'avais écrit un article qui s'intitulait  Dorothée revient....

Pour ceux dont la vie privée serait tellement prenante qu'ils ne pourraient se permettre de cliquer sur le lien, et de lire par conséquence deux articles de ce blog, je vais vous résumer l'affaire (en beaucoup moins bien je vous l'accorde).

Je disais combien Dorothée avait bercé mon enfance, combien elle représentait pour moi ces années folles de mon existence, pleine d'insouciance et de chansons. Je disais aussi que pour rien au monde je ne me laisserai prendre au jeu de la nostalgie en allant à un concert de Dorothée à l'Olympia.

Parait-il que les imbéciles ne changent jamais d'avis. Cette phrase a sûrement été inventé par un homme d'esprit qui souhaitait justifier un revirement de situation inexplicable par ailleurs, mais je dois avouer qu'elle me sert aujourd'hui parfaitement.

Alors non, je n'ai pas menti, je ne suis pas allé applaudir Dorothée à l'Olympia. Mais oui, j'ai vu des extraits du spectacle.

Non, je ne trouve pas que Dorothée ait retrouvé sa voix d'antan, mais elle a gardé son timbre spécial et ses mélodies me transportent encore et toujours dans la cour de récré de mon école.

Non, je ne suis pas prêt à payer le prix d'une place au tarif de l'Olympia, mais il faut avouer que le tarif de Bercy était beaucoup plus abordable.

Non, je n'ai toujours pas d'enfant prétexte pour m'accompagner, seulement l'envie de retrouver pour la dernière fois une part de ma jeunesse qui s'envolera une dernière fois avec celle qui me l'a si souvent dorée (la jeunesse).

Non je ne me fais pas avoir, et j'ai bien conscience que tout ceci est très commercial, mais si ça me plait, à moi, d'aller à Bercy applaudir Dorothée...

Et puis, surtout, surtout, j'ai enfin trouvé quelqu'un pour m'accompagner...

Si vous ne l'aviez pas compris, je serai samedi 18 décembre parmi ceux et celles qui attendront dans le froid parisien (et la neige, en plein mois de décembre, assez étrange, mais que voulez-vous, j'en ai déjà parlé ici, la bizarrerie des saisons qui fait neiger en décembre, bientôt il faudra inventer un Père Noël en traîneau tiré par des rennes pour pouvoir livrer les cadeaux à temps...) l'ouverture des portes du palais omnisport de Paris Bercy pour le concert unique (puisqu'elle a annulé tout le reste de sa tournée, remplissage des salles difficiles) de Dorothée.

Je suis d'accord avec ceux qui diront que c'est une bêtise. Je suis d'accord avec ceux qui critiquent mais qui m'envient. Je suis d'accord avec ceux qui m'envient sans me critiquer. Je suis d'accord avec ceux qui viendront l'applaudir avec moi.

Quand j'ai acheté mes places, c'était un délire, une idée saugrenue, un truc pas anodin que je pourrai ajouter à la liste des folies que j'ai faites dans ma vie (gentille folie me direz-vous). J'avais l'impression de faire quelque chose qui ne surprendrait pas les gens, mais qui les ferait rire. Un acte digne de moi. Un pari et une promesse faite à une amie quelques mois auparavant.

J'ai même eu honte quand j'ai du aller retirer les places à la Fnac. J'ai pas assumé. Je vous rassure, depuis, mon statut facebook m'a aidé à faire mon coming out en la matière. Mais sur le coup, quand la caissière qui devait avoir mon âge a regardé les billets en criant de surprise "DOROTHEE!!!!!! Je l'ai vu à la télé. Elle revient à Bercy, avec Hélène et les Musclés. C'est drôle!!!" J'ai répondu avec très peu de fierté "C'est pour offrir", et je suis parti.

Après je m'en suis voulu, si Dorothée m'avait entendu...

Ensuite j'ai vu des extraits du spectacle de l'Olympia, et je me suis rendu compte que Dorothée était devenue, avec le temps, une icône gay. Je me suis demandé si j'étais bien à ma place, et puis, me souvenant que je n'avais pas pris de place dans la fosse, je me suis rassuré en me disant qu'après tout, elle était aussi une icône pour les enfants, et qu'enfant je n'étais pas plus...

Et les jours ont passé, et l'heure de partir dans la capitale pour applaudir mon ancienne idole est arrivée. Parce que les nostalgiques comme moi ne sont pas monnaie courante, et que les places de Bercy ne se vendaient pas comme des petits pains, Dorothée a entamé une série d'apparition dans bon nombre d'émissions. Je l'ai regardé, bien sûr, et j'ai commencé à languir le samedi 18 décembre.

Et me voilà, à quelques heures dudit concert. Je suis excité comme un enfant, me demandant si elle va chanter ces chansons que j'aimais tant et que je chantais à mes camarades d'école.

Je me fous pas mal qu'elle ait ou non, retrouvé la voix qu'elle avait quand j'étais gamin. Je crois que je me fous même du fait qu'elle chante en playback ou pas. Je ne le crois pas, mais sait-on jamais...

Ce qui compte, c'est que samedi 18 décembre, je verrai pour la dernière fois en vrai celle qui m'a fait vibrer pendant très longtemps. Celle qui m'a la première, donné l'envie d'être artiste, de faire du piano, de chanter, d'être sur scène, d'être applaudi, d'être aimé, d'aimer, de vivre...

Samedi je retombe en enfance, j'aurai des étoiles dans les yeux, et je sais que je serai ému par ce moment inoubliable, qu'il est certain que je ne revivrai jamais plus par la suite. Je me reverrai, minot, assis entre ma mère et mon petit frère à chanter à tue tête ses plus grands succès. Je reverrai ma petite chambre de l'époque, et mon vieux magnétophone qui laissait retentir ses meilleures chansons. Je reverrai les posters accrochés sur mes murs. Je revivrai les mercredis après-midi oubliés . Je reverrai des visages presque effacés, ceux de mes camarades d'antan laissés dériver vers d'autres cieux.

Alors malgré toutes les critiques, railleries et autres plaisanteries à ce sujet, aurai-je eu raison de me passer de ça?

Je n'en suis pas convaincu...

 


Publié dans Vie quotidienne

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