Et si Claude François n'était pas mort...
La folie Cloclo est à son paroxysme. Tout le monde parle de Claude François. Oui mais il fallait réussir à en parler de façon originale. Un peu de science fiction pour vous chers lecteurs.
Et si Claude François n'était pas mort...
11 mars 1978, salle de bain d'un appartement du boulevard Exelmans.
L'ampoule clignote depuis quelques minutes, et ça fait mal aux yeux.
Claude François, chanteur à succès, sort de sa baignoire pour tapoter sur l'applique.
Il s'essuie les pieds pour ne pas faire de trace sur le carrelage blanc, fraîchement nettoyé par sa femme de ménage. Il doit se dépêcher, on l'attend pour enregistrer une émission de télé.
Il s'approche de l'ampoule en grimaçant. Elle est pas bien vissée. Faudra penser à virer l'électricien, c'est fou. Même lui aurait été capable de changer une ampoule. Mais il est Claude François, et Claude François ne change pas les ampoules.
Il attrape le goulot et là, un choc électrique comme jamais il n'en avait reçu. Il se retrouve assis par terre, les cheveux ébouriffés et entièrement grillés, l'ampoule à la main et dans le noir.
Il regarde par la fenêtre, et se rend compte que tout le quartier est en panne d'électricité.
Affolée par le bruit, son amie déboule dans la salle de bain, glisse sur une petite flaque d'eau et se retrouve, elle aussi, le cul par terre.
Elle se relève, va chercher une lampe électrique, et revient dans la salle de bain.
Le chanteur est ailleurs. Dans sa tête, dans son esprit. Il a les yeux grands ouverts et reste hébété.
Elle lui demande ce qu'il a, et lui de répondre "Rien, mais j'ai bien failli mourir électrocuté".
Il se relève tant bien que mal.
Peste contre sa perruque blonde complètement foutue, et appelle Michel Drucker pour lui dire qu'il aura du retard.
Forcément le téléphone ne fonctionne plus. Et le taxi est déjà en bas, qui l'attend.
Il enfile un habit de lumière et met un chapeau pour camoufler l'horreur capillaire. Mais Claude François est ailleurs. Pourtant il doit faire la promotion de son nouveau single comme on dit de l'autre côté de la Manche.
Il monte dans le taxi, et râle encore une fois contre les gens qui ont décidé de circuler dans la capitale en ce jour fatal, ou tout du moins qui aurait pu l'être.
Il arrive aux studios de télévision avec un peu de retard, fait face à un regard agacé de Michel Drucker, et court dans sa loge rejoindre la coiffeuse et la maquilleuse.
La coiffeuse est à bout. Son petit ami, Michel Berger, vient de la plaquer pour une blonde platine à la voix niaise. Elle regarde les cheveux de Claude François, et s'arrache les siens en se demandant comment sauver les meubles.
Elle passe une heure sur le dessus de son crâne, et fait face à des insultes incessantes. A bout, elle le regarde dans les yeux, lui dit d'aller se faire voir, et lui jette sa brosse à cheveux dans la gueule.
Claude François n'a plus beaucoup de cheveux, et un oeil au beurre noir.
Direction la maquilleuse. Cette dernière n'aime pas Claude François. Elle trouve ses chansons à chier, et ne comprend pas tout cet engouement autour de lui. Elle ne sourit pas. Elle s'en fout, elle est ici par piston, elle couche avec Johnny Hallyday et Michel Sardou. Claude François le sait, et tente de l'amadouer avec un sourire. Il lui propose d'intégrer la troupe des Clodettes pour sa prochaine tournée. Tournée dont les places sont difficiles à vendre.
La maquilleuse le sait, Sardou en rit tous les soirs.
Elle refuse et lui dit que l'oeil au beurre noir ne pourra pas être caché complètement. Elle ment, mais elle trouve ça drôle. Elle sait que Sardou appréciera l'anecdote.
Drucker arrive dans les loges et demande ce que c'est que ce bordel. Il attend sur le plateau depuis une heure. Claude lui raconte ses mésaventures, et Drucker reste perplexe. Il se dit qu'il n'avait qu'à y rester, au moins il aurait eu une excuse valable, parce que là c'est vraiment le bordel.
Le show a lieu, mais Claude François n'est pas dedans. Il rate ses chorégraphies et fait l'objet de quolibets et des sifflets se font entendre dans le public.
Le lendemain matin, la presse s'empare de l'histoire. Elle titre, "Claude François, le chanteur malheureux disjoncte en changeant une ampoule". Une photo volée le montre les cheveux ébouriffés dans le taxi.
Son nouveau titre, Alexandrie Alexandra sort dans les bacs, mais les ventes ne décollent pas. Les paroles sont incompréhensibles, et le public ne s'y trompe pas, c'est nullissime.
"Alexandrie où tout commence et tout finit.
J'ai plus d'appétit, qu'un barracuda
Je te mangerai cru si tu ne me retiens pas".
Le public déteste. Les clodettes commencent à ne plus suivre les délires érotico-pornos du chanteur. Elles quittent l'artiste.
La tournée s'annonce mal, il va falloir annuler quelques dates.
Les photographes font le pied de grue devant le domicile de Claude François, poursuivi en justice par le syndic. Il réclame au chanteur les réparations du système électrique.
Pour reprendre un peu de force, le chanteur part au moulin de Dannemois se ressourcer. Là-bas, il apprend que sa petite amie, mannequin, part vivre aux États-Unis avec un jeune acteur américain.
C'est la chute.
Le moulin va être vendu pour pallier aux dépenses imprévues. Plus personne ne veut de Claude François sur un plateau de télé, il est devenu le chat noir du showbiz.
Il décide de quitter la France et part en exil sur une île des Caraïbes pour se faire oublier.
Un jeune chanteur américain commence à reprendre la ficelle Claude François en mettant beaucoup de danse dans ses shows. Il s'appelle Mickael Jakson. Claude François lui colle un procès au cul. La justice américaine donne tort au chanteur français qui doit débourser pas moins de 2 millions de dollars en réparation.
Ses chansons deviennent symbole de ringardise, et mis à part dans les mariages, entre Patrick Sébastien et La Queuleuleu, personne n'entend jamais résonner ce faux disco.
Quelques années plus tard, la tournée âge tendre et tête de bois propose au chanteur de faire son retour.
On le revoit après 30 ans d'absence, bouffi et dévisagé. Il ne bouge plus beaucoup sur scène, et sa voix est devenu insupportable, à la limite de l'inaudible. Sheila témoignera plus tard d'une épave, avinée et droguée.
Il meurt le 11 mars 2014 seul et abandonné. Michel Drucker dira de lui, "Un gâchis, il aurait pu devenir une idole pour des millions de gens..."