Critique littéraire : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire...

J'ai envie de dire ENFIN. Enfin j'ai acheté ce livre qui me faisait de l'oeil depuis un bon bout de temps, chaque fois que j'arpentais ma librairie préférée. Il y avait même un petit post-it sur la couverture, déposé par mon libraire en personne, afin d'attester de la richesse divertissante de l'ouvrage.

Moi, j'y étais passé devant un paquet de fois, sans jamais vraiment m'y arrêter. J'en avais lu le résumé des milliers de fois, et m'étais dirigé vers d'autres oeuvres, d'autres auteurs.

Et puis je me suis décidé à sauter le pas. Oui, j'allais enfin découvrir ce que cachait ce titre tellement curieux.

Un vieil homme qui ne veut pas fêter son anniversaire. 

Remarquez, je le comprenais, moi, ce vieillard. Il est des évènements créés de toute pièce, qui n'en sont pas vraiment, et que la culture, l'éducation, ou la morale poussent à crier sur tous les toits.

Moi, qui vais bientôt avoir 30 ans, je vous le dis, je n'ai pas envie de fêter mon anniversaire. Et ça n'a rien à voir avec une quelconque gêne avec ce nombre, sinon, je le cacherai autant que je peux, et ne le dévoilerai très certainement pas ici.

Mais, ce n'est pas le sujet du livre. Enfin, si, mais pas seulement. Disons que c'est le départ de l'action. Et encore, si tant est que l'action ne démarre pas à la naissance de ce satané vieillard.

Je dis satané, parce qu'il en a vécu des expériences et des aventures, peut-être trop, ça en est devenu presque lassant.

Mais avant de parler du fonds, je vais tenter un résumé fidèle et concis.

Allan est un vieillard de 99 ans 364 jours et 23 heures. Il s'apprête donc, si vous n'êtes pas très à l'aise avec le monde de l'horlogerie, à fêter ses 100 ans. Sauf qu'Allan est en maison de retraite, et que l'idée de manger un bout de gâteau avec ses comparses gagas et ses infirmières beaucoup trop à cheval sur les règles ne l'enchante guère.

Il décide donc de se faire la malle, tout seul, comme un grand, en s'échappant par la fenêtre. Malencontreusement, il va se retrouver, à la gare, dans la même salle d'attente qu'un gangster en possession d'une valise pleine de billets de banque, qu'il va dérober sans qu'on ne sache vraiment pourquoi (ni lui non plus) et les galères vont commencer.

De là, d'importants flashbacks viennent ponctuer le récit, flachsbaks nécessaires pour comprendre la vie surchargée de ce vieillard, en apparence plus que banal.

Alors, je vous le dis de suite, j'ai un avis très très partagé sur ce livre.

J'ai adoré l'idée, j'ai adoré le style, j'ai adoré les personnages, et au bout de quelques pages j'ai détesté l'idée, j'ai détesté le style et j'ai détesté les personnages.

Je commence avec l'idée, c'est à dire l'histoire. 

Au départ d'une originalité folle, cette histoire divertissante part très vite dans tous les sens, notamment sur la vie passée d'Allan, et même si c'est le parti pris de l'auteur, et qu'il est convenu que la vie du vieillard a été incroyable, au premier sens du terme, on a du mal à se laisser prendre au jeu à tous les coups.

C'est une sorte de Forrest Gump littéraire, le talent de Tom Hanks en moins. Ce vieillard a participé à tous les évènements importants qui ont ponctué le monde ces 100 dernières années. Il a tout fait, tout vu, tout visité. Il a changé le cours du monde, des guerres et de la politique. Oui, un Forrest Gump un peu aseptisé et moins attachant que celui du film.

C'est bien dommage d'ailleurs, parce que quand l'histoire devient lourde, le style ne tarde pas à prendre le même chemin, et cet humour omni présent, dans chaque phrase, chaque mot, chaque situation en devient lassant, poussif et exagéré. Ce qui était, au départ, une légèreté de ton, devient peu à peu étouffant, grossier et bâclé.

A la moitié du livre, on se dit qu'on aimerait bien aller droit au but et en finir avec cette histoire qui part, je le redis, dans tous les sens, autant en ce qui concerne les faits contemporains, que les faits historiques.

Les personnages pourtant éclectiques, et qui permettraient de prendre mille directions, se contentent finalement de servir l'histoire abracadabrante du vieillard, sans venir ponctuer de leur expérience, de leur tempérament et de leur style le fil rouge qui se joue de nos jours. On aurait pourtant pu, ainsi, respirer un peu, et faire des pauses avec le style, je le répète au départ très original.

Trop d'originalité et de légèreté tue l'originalité et la légèreté. On se lasse un peu trop vite de cette histoire, de ce vieillard, de sa fuite, et surtout de son passé dont on a que faire, tant on pense avoir à faire à un mytho de classe mondiale (c'est le cas de le dire).

Il faut donc se rendre à l'évidence, j'ai été déçu. Déçu parce que ce livre apparaissait comme incontournable dans les rayons de plusieurs librairies. Déçu parce que les premières pages étaient très très prometteuses et que malheureusement, l'histoire s'essouffle très vite, alors que les rebondissements font foison et que mille pistes sont arpentées par l'auteur.

Mais je dois aussi être honnête, et dire que j'ai mis beaucoup de temps à le finir, parce qu'à partir du moment où je n'étais plus dedans, j'ai perdu le fil et le sens de la narration. Peut-être qu'en le lisant d'une traite, on se lasse moins vite, voir pas du tout de ces répétitions d'humour et de blagues incessantes.

Quoiqu'il en soit, ce n'est pas non plus le plus mauvais livre qu'il m'ait été de lire, mais ce n'est pas le meilleur, loin de là.

Je ne vous le conseille pas, mais je crois comprendre les gens qui l'ont apprécié. Il est atypique, pour le coup on ne peut pas dire le contraire.

Je vous laisse à votre réflexion. 

Bonne lecture!