Chroniques Egyptiennes Part 4

Publié le par Guillermo

Je vais me mettre des oeillères et parler directement des Pyramides, comme ça, j'aurai enfin éliminé ce chapitre là. Ce n'est pourtant pas les sujets brûlants qui manquent en ce moment, mais enfin, pour une fois, éloignons-nous un peu des problèmes nationaux et prenons le large encore quelques instants.

Vous commencez à le savoir, l'étape la plus importante pour moi dans cette escapade égyptienne, était la découverte des Pyramides. Et autant le dire tout de suite, des pyramides, j'en ai vues. Des plus célèbres aux plus aléatoires. Des plus belles aux moins proportionnées. Des plus urbaines (et oui qui l'eut cru) aux moins citadines.

C'est deux jours après avoir posé un pied sur le sol Cairote que nous sommes partis en expédition. Je parle d'expédition, parce que les Pyramides se trouvant aux portes du désert, et ledit désert étant un peu éloigné du centre-ville, il faut utiliser le moyen de transport le plus commun mais le plus effrayant au Caire, j'ai nommé la voiture. A priori pourtant, rien de très différent. Des routes goudronnées, des voies presque délimitées, des autoroutes, des routes, des chemins.... Oui, mais c'était sans compter sur l'originalité de tout un chacun, sur la prise en main si personnelle du trafic. Oubliez les clignotants, les priorités, les sens de circulation, la règle des ronds points. Ici, c'est le premier arrivé qui passe, même si ça se joue à un dixième de seconde près. On nous avait prévenu, les accidents de la circulation sont nombreux et peu évitables. Nous en avons fait les frais en étant percutés (j'exagère disons effleurés) par un camion alors que nous étions déjà bien engagés sur la voie. Mais ce sont, parait-il les risques du métier...

C'est donc en voiture que nous avons arpenté une des plus grandes artères du Caire, la bien nommée "Pyramid Road", pour nous rendre vers Gizeh et ses fameuses pyramides. Suivre les panneaux de circulation ne sert pas à grand chose. Ils sont, d'une part, écrit en arabe (et non je ne lis pas encore cette langue, ni ne la parle) et d'autre part situés à des endroits inaccessibles par nos pauvres petits yeux, déjà obnubilés par la circulation et le trafic autour (syndrome du camion dans le pare-choc oblige). Dernier petit détail croustillant, on oublie aussi les feux rouges. Ils ne sont là que pour orner les carrefours. Et quand il convient tout de même de les respecter, parce que faut pas déconner, c'est super dangereux, il y a, en plus des feux, un agent de police chargé de les faire respecter. Et encore les klaxons vont bon train pour témoigner du mécontentement des autochtones à devoir s'arrêter alors qu'ils étaient si bien lancés...

Mais comme tout vient à point à qui sait attendre, nous sommes arrivés au pied des Pyramides sans trop de heurt. 

A Gizeh donc.

Petite bourgade fort peu encline à un exil fiscal tant la pauvreté est le maître mot de ces ruelles. A little bit shocking d'ailleurs. Parce que visiter les Pyramides est un privilège, et un privilège de riches gens (dont je ne fais pas partie, mais dont je me rapprochais plutôt comparés aux miséreux alentours) qui sont outrés (oui oui je l'ai entendu) de devoir traverser des bidonvilles et des ghettos pour distraire leurs yeux et leur intellect. Et pourtant c'est comme ça à Gizeh. On a, devant nous, la pauvreté la plus cruelle, les quartiers les plus poussiéreux (enfin y en a quelques uns au Caire aussi, ce sera le dernier chapitre) et derrière, s'érigent les prestigieuses Pyramides, symboles d'un temps révolu de rayonnement et de gloire nationale (mais Antique). 

Mais la vie est bien faite, et une fois passé les barrières de contrôle et le parking, on se retrouve plongé dans la magie et la splendeur de cette architecture unique au monde. On oublie avec une facilité étonnante les femmes et les enfants postés en bas dans l'espoir de nous vendre un vieux paquet de mouchoir ou de dentelle dont on ne saurait que faire. Et on tombe dans une autre misère, touristique celle-là. Avant la Révolution, beaucoup de gens venaient contempler ces vestiges égyptiens. Avant la Révolution, les guides avaient des bakchichs à foison, et pouvaient facilement et avec le sourire prendre en photo les touristes détendus et heureux. Mais aujourd'hui, il y a autant de touristes qu'il y a de talent dans un comédien de scripted reality... Et donc les fameux guides sont sur les dents, et c'est avec un acharnement hallucinant mais quelque peu compréhensif qu'ils tentent par tous les moyens de nous vendre une statue, un porte-clef, une balade en chameau, une visite guidée, bref un résidu de rêve qui survit encore dans leurs pupilles.

Nous avions déjà réservé un guide pour une balade en chameau dans le désert autour des Pyramides, par l'intermédiaire de notre chauffeur (sans doute cousin, frère ou ami, que sais-je, du-dit guide). Nous avons donc échappé à ces interminables pourparlers auxquels se livraient les quelques autres touristes, pourtant peu nombreux.

Et c'est encore plein d'énergie que nous nous sommes dirigés vers l'Histoire. J'ai voulu me souvenir, à un moment, sur mon chameau, dans le désert, de cette phrase de Napoléon, celle qu'il avait prononcé en découvrant lui aussi ce panorama fantastique, ce qui aurait fait de moi quelqu'un d'érudit, et qui aurait flatté ma cérébralité, mais je n'arrivais plus à me rappeler combien de siècles exactement nous contemplaient. Je me suis donc tu. Après vérification, il s'agissait, de 40 siècles (au temps de Napoléon). 

http://www.google.fr/url?source=imglanding&ct=img&q=http://french.memphistours.com/Voyage-En-Egypte/files/large/1206696633_683_3251_1067065770.jpg&sa=X&ei=B-3mUPX4GOKm0QXy2oHgDg&ved=0CAkQ8wc4NQ&usg=AFQjCNGrXoKOYUXBD4wkh6m6rXSdYBcMTg

La 1ère étape a été de gravir un bout de Kheops (la pyramide j'entends) afin d'entrer à l'intérieur pour... ben pour rien y voir au final. Tout ça pour ça. Mais la possibilité de dire, un jour, dans un dîner mondain (ou autour d'un Big Mac entre amis, mais ça le fait moins) "Ah oui la pyramide de Kheops. J'y suis entré une fois..."

Pour le coup c'est physique. Mes cuisses et mes mollets s'en souviennent encore. Des marches, des marches et encore des marches, à gravir et à descendre, plié en deux sur son corps, à la lumière de ce qu'on peut avoir comme lumière. Une odeur de souffre et d'ammoniac (ou d'autre chose mais j'ai jamais été très bon pour les odeurs). Quelques transpirations plus loin, nous étions arrivés au bout du périple, quitte pour faire demi-tour et ressortir du tombeau (car oui, n'oublions pas que les pyramides sont des tombeaux).

Mais l'expérience fut belle et le souvenir reste intact (vous me direz un mois plus tard, il vaut mieux, sinon faut consulter). Et nous sommes partis pour une traversée du désert à dos de chameau.

C'est particulier le chameau. Faut aimer. Le mien, d'après les chameliers, se nommait Mickael Jakson, ce qui, déjà, relevait du pittoresque. Se positionner entre les bosses n'est pas très dur. Faire le beau avec les rênes non plus. Mais rester en vie, et surtout sur le chameau lorsqu'il se lève est déjà plus périlleux. Ceci dit, ce fut un succès pour ma part.

Et c'était parti pour une heure et quelques minutes de balade à travers le sable et les dunes du début du désert occidental (appelé également Libyque c'est l'instant culturel de cette page). Une heure de mal au coccyx aussi (les plus érudits comprendront).

Mais c'est à ce moment là que la magie opère vraiment, une fois que nous nous éloignons un peu des vendeurs de sphinx et autres babioles bon marché. Une fois que le calme du désert nous capte et que nous gravissons une dune de sable à peine surélevée, et que les trois pyramides se dressent fièrement devant nos yeux. Là, à ce moment précis, on comprend pleinement pourquoi on parle de Merveilles du monde antique. Le temps suspend son vol et nous notre souffle. On braque nos appareils photos, assoiffés de souvenir et de nouveau profil Facebook à en faire baver les copains. On profite du paysage et déjà il faut se dépêcher si l'on veut arriver au sphinx avant le coucher du soleil (parce qu'au Caire, la nuit arrive vite, et sans prévenir).

Et le pari est gagné, parce que le chameau marche à vive allure. Et c'est maintenant un autre héros de nos livres d'Histoire qui pointe le bout de son nez. Un peu amoché d'ailleurs, le nez,  par Obelix ou Napoléon selon les légendes. Le sphinx. Encadré par je ne sais combien de guides. Toujours à l'affût. Mais le jeu en vaut mille fois la chandelle. Et là encore, l'émotion est forte quand on réfléchit à ce qu'on est en train de vivre et de découvrir. Le sphinx, posant crâneuse ment devant les pyramides. Mon appareil photo ne s'en est toujours pas remis... Vous me direz, les guides ont absolument tenu à nous prendre en photo 25 fois chacun avec des poses plus hallucinantes les unes que les autres, pour un résultat plutôt mitigé d'ailleurs...

Le coucher de soleil ne s'est pas fait attendre, et nous avons eu droit, je pense, à l'une des plus belles images qu'il m'ait été donnée de voir dans ma vie. Un formidable coucher de soleil avec pour toile de fonds (ou plutôt le coucher de soleil était-il lui même la toile de fonds) le sphinx et ses Pyramides de Gizeh.

Unique dans une vie, je vous le dis...

Mais je ne vais pas non plus en faire des tonnes, je ne suis pas le seul à avoir eu ce privilège là.

Je pensais que ça en était fini avec les pyramides, mais non, d'autres nous attendaient encore les jours suivants. A Saqqarah tout d'abord, puis à Dachour.

Celles de Dachour, au beau milieu du désert pour le coup celles-là, et beaucoup moins connues du grand public parce que plus difficiles d'accès. Les 1ères de l'histoire des Pyramides, et ça se voit, l'une d'entre elle ressemblant bien plus à un bloc de pierre taillé par Gilbert Montagné, et une autre penchant dangereusement sur le côté, comme si l'architecte de la tour de Pise avait fait ses armes dans le désert égyptien. Mais la 3ème est parfaite, et elle se visite aussi. J'étais à deux doigts de l'asphyxie, mais enfin j'en suis sorti vivant, et je pourrais le mettre dans la liste des choses qui me permettront de me la péter dans un dîner mondain (si tant est que j'en fasse réellement un, une fois dans ma vie...).

Comme guide, nous avons eu droit à un officier de la police touristique (chargé d'habitude de protéger le site, mais vu l'absence de touristes), qui n'a pas hésité une seule seconde à faire guide, photographe, reporter, journaliste, et je ne sais quoi d'autres. Il a même cassé avec une pierre, un cadenas qui condamnait une porte menant à l'intérieur d'une des Pyramides. Mais le clou du spectacle, fut lorsqu'il a balancé sa kalachnikov dans le sable pour prendre une photo de notre trio d'enfer, photo sur laquelle on aperçoit d'ailleurs la kalachnikov échouée à quelques mètres de là... Le fait qu'il soit agent de la police touristique ne l'a pas empêché de nous quémander un petit bakchich, mais enfin, il nous a tellement fait rire qu'on le lui devait bien...

Et puis à Dachour, il y a surtout une oasis qui semble totalement coupée du monde. Avec quelques habitants vivant comme aux temps anciens de l'agriculture et autre réjouissance physique. Parce que la terre, on la retourne à la force de ses mains et on ne trouve aucune sorte de machines modernes visant à réduire un poil l'effort physique. Il y a aussi des enfants qui ont beaucoup apprécié les bonbons Haribo et les MM's. 

J'ai gardé le meilleur pour la fin, Saqqarah. Non seulement il y a des Pyramides (originales d'ailleurs) mais il y a surtout des trésors inestimables de l'époque des pharaons. Des statues, des fresques, des hiéroglyphes encore en excellent état. Des restes intacts de tombeaux et de sarcophages. Des guides aussi, pas toujours très au courant de ce qu'ils racontent. Comme le notre qui paraissait découvrir les hiéroglyphes en même temps que nous, et qui ne savait qu'une seule chose, tout est au musée égyptien du Caire. Même ce qu'on n'y avait pas vu... Le tout dans un anglais très très très approximatif, vous me direz, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité... Quoique...

Voilà, j'avais vu les pyramides, et je pouvais rentrer chez moi la tête emplie de beaux souvenirs, et les chaussures débordantes de sable.

Ce qu'il y a de bien avec les embouteillages du Caire, c'est qu'on peut s'endormir tranquillement à l'arrière de la voiture, et se réveiller à n'importe quel moment, en savourant le paysage qui se dessine alors devant nos yeux, tant tout, là-bas, est insolite et néanmoins exquis...

Dernière étape à suivre, les dédales du Caire...



Publié dans Voyage

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